Bien plus que quelques semaines ont passé depuis ma dernière apparition sur le blog, et je vois que vous avez été nombreux à vous livrer à des analyses toutes plus fines et nuancées les unes que les autres. (Wouh. Si, si)
Paresse peut-être, difficulté à faire autre chose que les lesson plan et les CRAPPI check (les initiés me comprendront) surtout, difficulté à regarder du côté français alors qu'on tente surtout de nous faire comprendre que chez les Anglais, et plus particulièrement à l'Université de Cumbria, ça se passe comme ça(et pas autrement), et que le but du jeu, cette année, c'est peut être davantage d'être des bons élèves que professeurs compétents. Enfin.
Ne pensez pas que je cherche ici la diatribe ou le pamphlet, bien au contraire, ou du moins, pas tout à fait. Ce qui est passionant dans l'histoire, c'est qu'on se trouve directement plongés dans un autre système éducatif _mieux! dans une autre formation de Futurs Pédagogues_, avec obligation d'y rester (enfin, ce serait trop facile de se barrer), et de fait, de remettre en question toutes nos représentations de petits français.Se rendre compte que ce qu'on trouve scandaleux, c'est complètement acquis pas si loin de chez nous, et surtout que ça marche! Donner des bons points? Ranger les classes par niveaux? C'est peut-être là que la problème brûle le plus.
Mais de façon subtile, nous voilà confrontés au communicatif dans sa forme la plus pure, et quand bien même on nous a submergés d'activités ludiques, d'oral et de multimodalité l'année dernière,tout compte fait, le communicatif heurte un peu nos traditions pédagogiques. Envie de règles, de grammaire explicite, d'explications de textes, d'histoire et de civilisation, et puis comprendre que pour faire intégrer quelques mots de français à des petits anglais qui n'en ont rien à fiche des langues étrangères, parce qu'ils n'en auront pas besoin pour se faire des amis ni pour trouver du boulot, il vaut mieux les faire chanter, jouer et gagner des points.
Ceci dit, il y a tout un pan de la méthode Cumbria qui ne va pas tout à fait dans le sens de l'autonomie si bien prônée par l'actionnel européen; le "classroom management" occupe une place primordiale, et si la classe est communicative au sens ou on ne peut y parler que français et apprendre un language "purposeful", l'authentique, le culturel, la créativité (tout compte fait, la "tâche"), ne sont pas au coeur des apprentissages. La classe de langue est un espace clos:le "purposeful" s'exprime largement dans ce cadre (Est ce que je peux être volontaire? Il a parlé en anglais! Ecoute, Silence, Répète). Ainsi, l'apprentissage passelargement par la répétition, et l'installation de routines qui doivent permettre, à terme, l'intégration plus ou moins consciente des formes linguistiques.
Je me suis donc trouvée à chanter des chansons, sur les objets de la classe et les jours de la semane, à répéter inlassablement "3, 2, 1, Silence!", à mimer le sac à dos, la table ou le magnétophone et à demander à tout va "Comment dit-on... en français?", pour être bien sûre qu'ils ne partiront pas la tête vide. Plaisante impression d'être à la fois acteur et animateur _d'être le prof, quoi, pour de bon.
Mon action pour l'instant se cantonne à animer une partie du cours seulement, 20 minutes la dernière fois, une demi-heure aujourd'hui, où j'ai d'ailleurs enfin rencontré ma "classe adoptive", à qui j'enseignerais jusqu'à Noël. Scheme of work, lesson plans, teaching file..; leurs exigences concernant les préparations sont bien définies: du travail travail, certes, mais surtout l'application soigneuse de leurs modèles. Pas de leçon zéro et de petites prises de risques, peu d'improvisation, moins de recherches fébriles sur le Point du Fle et dans les cours de Marion pour trouver La bonne activité.
Mais tout autant de paires d'yeux étonnés, d'angoisse du temps mort et, malgré tout, d'effort d'improvisation. Les petits anglais ne comprennent pas tout.
mercredi 14 octobre 2009
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